"Notre coeur n'était-il pas tout brûlant"

Publié le par Père Maurice Fourmond

Obsèques du Père Patrice Vivarès

Évangile d’Emmaüs, Luc 24

 

    Nous avons choisi cet évangile car c’est un des évangiles que Patrice préférait. Nous disons à juste titre que ce beau récit raconte la vie de chacun de nous tel que nous pouvons le vivre dans la foi. C’est pourquoi je voudrais souligner trois moments de cet évangile car ils ont été vécus profondément par notre ami Patrice.

 

    Le premier est ce passage où un étranger, qui est Jésus ressuscité ayant rejoint Cléophas et son compagnon sur la route, leur explique tout ce qui parlait de lui dans les Écritures. Parler de Jésus à travers les évangiles a été ce qui habitait le coeur et l’esprit de Patrice. Il a été un homme de la parole, un serviteur, un ouvrier de la Parole de Dieu. D’ailleurs le titre de son premier livre cinq ans après son ordination : « Ouvrier de la Parole ». Éclairé par l’Esprit du Seigneur Jésus, il a commenté l’Écriture tout au long de sa vie en s’impliquant dans la parole qu’il disait. C’est ce qu’il écrivait dans ce premier livre « Ouvrier de la parole », je cite Patrice : « Comme le rappelle l’hymne à l’amour de la première épitre aux Corinthiens, une parole prononcée sans amour est creuse, sans effet : en même temps qu’il parle, l’apôtre doit confirmer sa parole en débordant d’amour » (p.163). N’est-ce pas ce qu’ont perçu les deux disciples en écoutant celui qui leur parlait sur la route ; dans sa parole ils ont reconnu l’amour de ce Jésus de Nazareth dont ils avaient été si souvent les témoins ; c’est pourquoi leur coeur était devenu brûlant en l’écoutant. 

 

    Le second moment essentiel, c’est lorsqu’ils arrivent devant l’auberge d’Emmaüs. Jésus dit l’évangéliste fait semblant d’aller plus loin, « mais ils s’efforcèrent de le retenir : Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse ». Le soir approche, le jour baisse, n’est-ce pas symboliquement la crainte de cette obscurité qui peut habiter nos vies. Patrice n’a pas été épargné par l’obscurité, dans sa fragilité, parfois le désert de l’espoir, la nuit de la maladie. Dans ces épreuves, Patrice s’est toujours tourné vers son Seigneur avec la même supplication « reste avec moi » ; et la présence de Jésus lui a donné ce courage qui faisait l’admiration de tous ses confrères et des soignants.

 

    Le troisième moment dans cet évangile est évidemment le repas dans l’auberge. Pour Patrice, la célébration de l’eucharistie lui était essentielle pour vivre. Patrice avait dit à une amie qui l’avait rapporté à Isabelle sa soeur cette parole de foi : « Je voudrais pouvoir présider l’eucharistie la veille de ma mort ». Or mystère de l’amour de Dieu, Dieu a exaucé le souhait de son serviteur puisque Patrice a précisément pu présider l’eucharistie à Marie-Thérèse, le mercredi 26 avril, la veille de sa mort.

 

    Les deux disciples d’Emmaüs ont reconnu Jésus à la fraction du pain. Mais ce qui leur a permis de réaliser que le Christ était vivant, c’est surtout à cette transformation intérieure qu’ils ont ressentie et qu’ils expriment à travers l’image de leur coeur tout brûlant.

 

    Ainsi, ce qu’a vécu Patrice en accord avec l’évangile d’Emmaüs, il nous est donné de le vivre nous aussi à sa suite. Patrice nous aide à entrer comme lui dans le mystère de ce récit de résurrection. Et d’abord dans l’écoute attentive de la Parole de Dieu qui est notre lumière  ; puis, fort de cette parole et soutenus par l’Esprit de Jésus, pouvoir en témoigner et l’annoncer par toute notre vie et parfois en prenant le risque de notre propre parole. Si nous pouvions avoir le coeur tout brûlant en méditant la Parole de Dieu !

 

    Comme les disciples d’Emmaüs, comme Patrice, cette prière « reste avec nous » est notre prière quotidienne non pour que le Christ Jésus change les événements de nos vies mais pour qu’il nous donne son courage et sa lumière afin de grandir dans notre humanité et dans son amour infini.

 

    Enfin comment ne pas être habités par cette même présence qu’à l’auberge, dans les eucharisties qu’il nous est donné de vivre. Chaque fois que nous nous réunissons pour vivre l’eucharistie, nous entrons avec le Christ dans l’auberge d’Emmaüs. Là aussi Jésus se donne à voir mais pour disparaître, dans le secret de notre foi. Comme les deux disciples, c’est à la fraction du pain que nous le reconnaissons que nous reconnaissons son amour, sa vie donnée pour nous ;  mais nous le reconnaissons aussi à cause de cette présence discrète de Dieu sur notre chemin et qui transforme nos existences. Puissions-nous comme les disciples être remplis d’espérance pour poursuivre notre route.

 

    Patrice participe maintenant au festin des noces éternelles ; la présence du ressuscité est pour lui lumineuse et il continue à nous dire : gardez confiance le Christ est vraiment ressuscité, je le sais.

 
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