"Le sel et la lumière"

Publié le par Père Maurice Fourmond

 

Le 9 octobre 2017

Fête de saint Denis 
Matthieu 5, 13-16
Homélie

« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux".

    Vous avez peut-être remarqué les différences entre les deux images que Jésus utilise pour nous dire notre vocation de chrétien. L’une est le sel qui n’est pas visible mais seulement enfoui dans les aliments afin de leur donner du goût. L’autre, la lumière doit être au contraire visible par tous, en sorte que cette lumière invite les gens à rendre grâce à Dieu.


    Ainsi le sel doit être bien mélangé aux aliments afin que tous les aliments aient du goût. Cette image nous invite à deux attitudes indispensables. Pour être sel, il convient que nous soyons mélangés à tous les aliments. C’est dans la pâte humaine que nous devons être et non pas à l’extérieur comme en surplomb. Il s’agit d’être au coeur de la pâte humaine, d’être avec les hommes, partageant leurs souffrances, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs attentes, leurs joies. Il s’agit de mettre les mains dans le cambouis de la vie quotidienne ; il s’agit « d’être avec ». N’est-ce pas ce que Dieu a fait le premier en partageant la totalité de notre condition humaine dans l’Incarnation de son Fils.


    L’autre condition du sel est qu’il garde sa saveur. Dieu nous demande d’être nous-mêmes, sans complexe comme sans vanité. Il ne nous demande pas de jouer la comédie en se présentant autre que ce que nous sommes en vérité, mais d’avoir la force d’être et d’agir selon ce que nous pensons juste et vrai.


    L’autre image inverse est celle de la lumière. Il s’agit d’être vu des hommes. Mais pas n’importe comment. Il ne s’agit pas de briller par de belles paroles. L’évangile est très clair : « Alors, voyant ce que vous faites de bien ». L’évangile ne dit pas « écoutant vos discours », mais « voyant ce que vous faites de bien ». L’éclat de la lumière n’est pas, en tous cas pas d’abord, dans les mots, mais dans ce que l’on fait de bien. Si Jésus a beaucoup enseigné, son enseignement était pratiquement toujours précédé d’actes de compassion, d’attention au plus faible, au petit. Jésus commence par guérir les malades avant d’annoncer la bonne nouvelle du Royaume.


    La lumière que nous devons rayonner est une attitude d’attention, d’amour vrai qui sait prendre des risques, se compromettre pour l’autre à la manière du « bon samaritain » de l’évangile.


    Les deux attitudes de l’enfouissement et de la lumière ne sont pas contradictoires. Chacun privilégiera l’une ou l’autre selon sa vocation, ses charismes et sans doute son histoire. La mission comporte de vivre ces deux manières d’être au monde, d’être dans le monde. Ainsi le chrétien se doit d’être sel, mais pour que le sel mélangés aux aliments offre de la joie aux convives, pour que ceux qui nous voient vivre y voient la présence d’un Dieu amour, il convient de faire du bien car seul le bien reconnu permettra de rendre gloire à notre Père qui est aux cieux.

 

    Alors entendons ce que Jésus nous dit et demandons à l’Esprit Saint la grâce du sel et de la lumière.

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