Le but de la théologie

Publié le par Père Maurice Fourmond

Essai : le but de la théologie

Août 2013

 

    Lors de la matinée spirituelle le samedi 24 août, j’ai été amené à parler de la confiance au-delà du savoir. C’était à propos de la réaction de Marthe après la mort de son frère Lazare (Jean chapitre 11). Jésus ayant affirmé qu’il est lui la résurrection et la vie demande à Marthe  «Crois-tu cela ?». Et Marthe ne répond pas «Je crois cela», mais «Je te crois». J’avais insinué que Marthe pas plus que nous d’ailleurs ne pouvait comprendre les paroles de son ami, mais elle lui faisait confiance alors qu’elle n’avait très probablement pas intégré les paroles du Christ. C’est à ce propos que j’avais parlé d’une confiance qui s’instaure sur un non-savoir. J’avais alors parlé des limites de la théologie concernant un savoir sur Dieu et qu’il nous fallait franchir la porte étroite de la confiance.

 

    À la fin de la matinée, Roch est venu me trouver pour m’interroger sur l’importance des études de théologie, importance que je paraissais minimiser. J’avais toutefois affirmé l’importance d’une recherche de l’intelligence sans préciser mon propos.

 

    Réfléchissant depuis, j’en arrive à la conclusion que la recherche intellectuelle sur Dieu a pour but a pour but essentiel non de nous dire qui Il est, mais de nous empêcher de construire un faux dieu. Ce n’est pas du tout ce qu’on appelle la théologie négative qui dit ce que Dieu n’est pas. L’effort théologique ne dit ni ce qu’est Dieu ni ce qu’il n’est pas, il balise le chemin de la connaissance en nous évitant de nous fourvoyer dans des impasses ou des fausses idées sur Dieu.

 

    Ainsi plus je tente d’approfondir ma foi et plus je découvre que la réalité intime de Dieu m’échappe. Même lorsque Saint Jean nous apporte une lumière éblouissante quand il nous dit que Dieu est l’Amour même, un amour infini, nous entrons non pas dans un savoir intellectuel, mais dans une vérité qui dépasse toute connaissance.

 

    Au fond tout l’effort de l’intelligence en théologie consiste à nous empêcher d’être idolâtres. La théologie ne nous dit ni qui est Dieu ni ce qu’il n’est pas, elle limite les chemins de ma connaissance. C’est pourquoi elle débouche naturellement sur la prière, une prière que personnellement je dis souvent : «Mon Dieu que je ne connais pas et que je voudrais aimer».

 

    Il importe de réfléchir sur la relation entre le savoir et le désir. Certains philosophes la juge incompatible, le savoir étant par définition la mort du désir. Mais d’autres au contraire estiment que le savoir ouvre toujours sur l’inconnaissable et donc tout au contraire réactive le désir. N’est-ce pas pour ne large part le sens de la réalité théologique ? 

 

    Ainsi il convient sans doute de mettre ensemble ces deux affirmations traditionnelles : «croire pour comprendre» et «comprendre pour croire». Nous retrouvons n fois de plus le caractère paradoxal de toute démarche humaine.

Publié dans Essais

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