Marie, après sa mort est « unie » pleinement à son Fils dans la gloire de la résurrection.

Publié le par Père Maurice Fourmond

Assomption 15 août 2015
> Homélie
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Ne confondons pas l’ascension de Jésus et l’assomption de Marie. Le mot ascension veut dire « s’élever » » alors que le mot « assomption » vient du latin « adsumere» qui veut dire « être joint à », « être uni à ». Nous célébrons donc cette certitude de foi que Marie, après sa mort est « jointe », est « unie » pleinement à son Fils dans la gloire de la résurrection.


Mais si Marie est glorifiée, c’est parce qu’elle a toujours été unie à Dieu, transparente à la présence en elle de Dieu. L’évangile le souligne à maintes reprises comme au jour de l’Annonciation dans sa réponse à l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » Lc 1, 38. Cette transparence de Marie à Dieu fait qu’elle trouvait toujours ce qu’il convenait de dire ou de faire pour être pleinement accordée à l’amour de Dieu qui l’habitait. C’est ainsi qu’elle a pu dire « oui » lorsque l’ange, messager de Dieu, lui annonce le projet de Dieu de faire d’elle la mère du Messie attendu. C’est dans la même fidélité à Dieu, comme servante qu’elle va répondre à la situation de sa cousine Élisabeth en partant en hâte afin de se mettre à son service au moment où sa vielle cousine devait accoucher.

 

C’est pourquoi ce n’est pas sans raison si l’ Église a choisi le récit de la Visitation pour cette fête de Marie. Marie a toujours laissé transparaître dans sa vie cet amour divin qui l’habitait. Et cette transparence à l’amour qu’est Dieu s’est manifestée pleinement au jour de sa mort par sa glorification.


Être transparente à l’amour divin qui l’habitait a conduit Marie à se faire non seulement la servante de Dieu, mais à être la servante de Dieu en étant la servante de sa cousine Élisabeth. Il y a un lien étroit entre serviteur ou servante pour Dieu et être serviteur ou servante pour ses frères, pour les autres. C’est ce qu’a vécu Marie en quittant Nazareth pour venir dans la maison de Zacharie et d’Élisabeth près de Jérusalem pour servir sa cousine âgée et près d’accoucher.


La rencontre de ces deux femmes est étonnante. Quand une rencontre se fait dans la vérité d’un amour authentique, il y a comme une transparence qui s’établit entre les personnes et chacune perçoit intuitivement ce qu’est l’autre. C’est ainsi qu’Élisabeth et Marie vont se révéler l’une à l’autre dans la profondeur de leur vie. À la salutation de Marie, Élisabeth sent son enfant qui tressaille en elle découvrant ainsi qu’elle porte un enfant dont le destin sera grand. C’est ce que dira Zacharie le père, lors de la circoncision de l’enfant : « Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins » Lc 1, 76. Et réciproquement, Élisabeth perçoit que l’enfant que porte sa cousine Marie est celui qui doit sauver le peuple d’Israël et qu’il aura un rôle essentiel dans le projet de Dieu. Ainsi ces deux femmes se disent l’une à l’autre ce qu’elles sont en vérité devant Dieu. C’est pourquoi cette rencontre s’achève dans l’action de grâce de Marie : « Mon âme exalte le Seigneur… le Puissant fit pour moi des merveilles » Lc 1, 46…49. Ainsi, ces deux femmes dans l’accueil réciproque découvrent l’une par l’autre qui elles sont, et cette découverte les conduit à rendre grâce à Dieu.


Nous pouvons voir dans ce récit un exemple de ce qu’il nous est donné de vivre dans nos rencontres lorsque celles-ci sont habitées par un amour authentique. L’attitude du service est l’expression majeure de cet amour divin. C’est ce que nous dit la vie de Jésus ; celle-ci, qui n’a été que service, est la plus belle expression de l’amour de Dieu pour nous. Si nous désirons manifester la vérité d’un amour, c’est le service qui en sera la plus belle preuve ; comme Jésus le dit : « Il n’y a pas d’amour plus grand que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » Jn 15, 13. Puis, dans le service donné ou reçu, il nous est donné de reconnaître et de mieux comprendre qui nous sommes, chacun devant Dieu, c’est-à-dire notre dignité infinie de fille et de fils de Dieu, le sens de notre vie, que nous sommes le sujet d’une promesse de vie. Et cette découverte, fruit de l’Esprit Saint, nous conduit au merci, à l’action de grâce comme Marie. En effet, comprendre qui je suis grâce à la rencontre aimante de l’autre et l’action de l’Esprit de Dieu en moi, me place près de Dieu comme son enfant bien aimé, comme quelqu’un de précieux à ses yeux.


La glorification de Marie lui permet de poursuivre à jamais son action de grâce. Lorsqu’elle dit dans son action de grâce : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » Lc 1, 48, sans le savoir, elle annonce sa glorification. En partageant pleinement la résurrection de son Fils, Marie devient pleine action de grâce pour la joie de Dieu, pour son bonheur et pour le nôtre.


Alors dans cette eucharistie, redisons que Marie est bienheureuse, trouvons en elle un chemin de service qui nous ouvre sur notre résurrection, sur notre glorification pour notre bonheur, celui de nos frères et soeurs et celui de Dieu.

Publié dans Homélies du dimanche

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