Nous valons plus pour Dieu que tous les moineaux du monde. Mt 10, 26-33

Publié le par Père Maurice Fourmond

Messe le 21 Juin 2020

Évangile Matthieu 10, 26-33

 

« En ce temps-là, Jésus disait à ses apôtres : Ne craignez donc pas ces gens-là ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps.

Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.

Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.

Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.

Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

 

Homélie

 

On pourrait résumer le message contenu dans le passage de l’évangile que nous venons d’entendre par ces mots du prophète Isaïe : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43, 4). Notre évangile en effet parle essentiellement de la sollicitude de Dieu pour nous. Après nous avoir dit « ne craignez pas », l’évangile continue avec deux petites paraboles : La parabole des moineaux dont pas un seul ne tombe à terre « sans que votre Père le veuille », et la parabole des cheveux qui « sont tous comptés ». Dans un autre passage de Matthieu, Jésus nous avait déjà parlé des oiseaux dont Dieu prend soin ; c’est à la fin du sermon sur la montagne : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » (Mt 6, 26).

 

À travers ces deux images, Jésus veut nous faire comprendre l’attention permanente et aimante de Dieu vis-à-vis de chacun de ses enfants qu’il aime.

 

Notre expérience nous dit que, la plupart du temps, les parents ici-bas sont préoccupés pour le bien de leurs enfants, ils sont très attentifs à ce qu’ils ne soient pas blessés physiquement ou moralement dans cette vie bien difficile et dangereuse. Parce qu’ils aiment leurs enfants, ils vont faire tout ce qui leur est possible pour les préserver du danger tout en respectant leur liberté.

À plus forte raison Dieu, notre Père. En faisant confiance à Dieu, nous pouvons reprendre à notre compte la parole du prophète Jérémie dans la première lecture : « Dieu est avec moi ».

 

Mais beaucoup d’entre nous diront : comment le croire, je ne fais pas l’expérience de cette sollicitude permanente et efficace de Dieu ! Je pense que c’est peut-être à cause de la faiblesse de notre foi qui ne sait pas voir ce que Dieu ne cesse de faire pour nous. Il nous faut regarder notre vie, plus profondément, avec plus d’attention et changer notre regard.

 

Déjà, comme croyants, nous avons la chance d’ouvrir notre vie sur une espérance, l’espérance que la vie est plus forte que la mort. C’est ce que nous dit la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Mais cela ne répond pas encore à notre interrogation : en quoi Dieu est-il si présent dans nos vies pour les faire grandir ?

 

Pour saisir cette sollicitude permanente de Dieu pour moi, il me faut ouvrir mon coeur à la confiance et entrer en moi-même. Là je découvre ces deux aspects fondamentaux qui me font vivre. Déjà que je suis vivant, que j’existe. J’ai connu une chrétienne qui tous les matins en se réveillant disait à Dieu : merci, Seigneur de ce que je suis vivante ce matin ! ». L’autre aspect qui me fait vivre c’est aussi que je suis habité par une capacité à aimer à l’exemple de Jésus. Ces deux aspects sont constitutifs de mon être le plus profond. J’ai conscience que je vis, les battements réguliers de mon coeur me le confirment. Quant à cette capacité à aimer, je sens très profondément que c’est cela qui, non seulement donne du sens à ma vie, mais que c’est la réalité qui m’apporte le plus de bonheur.

 

Or, dans ma foi, j’ai conscience que ces deux réalités, je ne me les donne pas à moi-même. Dans ma foi, je crois profondément qu’elles me sont données gratuitement, en permanence par Dieu : Dieu me fait vivre et il me donne d’aimer. Ces deux réalités, mon existence et ma capacité à aimer, constituent ce qui me permet de devenir « qui je suis », et de grandir tous les jours malgré les obstacles, les blessures et les difficultés.

 

Alors, oui, en pensant à cela, je peux dire que Dieu ne cesse d’être attentif à moi et redire pour moi-même en vérité les paroles que le prophète Isaïe mettait dans la bouche de Dieu : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime ».

 

Alors, oui, je peux rendre grâce, ce mot qui traduit celui d’eucharistie. Je peux dire merci à Dieu pour cette sollicitude permanente qu’il a pour moi et pour tous ces humains qu’il aime comme ses enfants.

Publié dans Evangile de Matthieu

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